• Le capitalisme, pourquoi ça marche pas ?

    version résumé « pour les nuls »

    I Le capitalisme c’est quoi ?

    Plusieurs choses ensemble :

    1 La propriété privée des moyens de production : machines, terres, matières premières, etc. Les moyens de production, ça permet de faire les choses dont on a besoin pour vivre. Certaines personnes (les propriétaires capitalistes) se donnent le droit d’empêcher l’ensemble de la société d’en profiter, et d’imposer des conditions d’usage comme le nombre d’heures, le salaire, les conditions de travail. Les propriétaires capitalistes peuvent être : des patrons, des actionnaires, une bureaucratie d’Etat. Mais ça peut aussi être un groupe de travailleurs pratiquant la démocratie dans l’entreprise. Ce type d’entreprise, de nos jours, on appelle ça une SCOP. Enfin pas que, il y a plein d’entreprises qui ne sont pas des SCOP et qui appliquent le même principe, et il y a des SCOP qui n’appliquent l’autogestion qu’en façade ou sur le papier. Le principe de gestion de la production par les ouvriers, on appelle ça gestion directe ou, le plus souvent, autogestion (on dira autogestion partielle quand c’est pour des entreprises travaillant en vase clos, et autogestion sociale ou intégrale, quand la gestion par la base concerne l’ensemble de la société).   

    2 Le salariat et le travail : c’est obliger les gens à gagner de l’argent en fabriquant des choses qui peuvent et doivent être vendues, pour ensuite acheter des choses avec cet argent. Le passage par l’acquisition d’argent n’est en réalité pas nécessaire : on pourrait passer directement de la production à la distribution et la consommation, en évitant l’étape de l’échange d’argent. On verra ça plus loins.

    3 La marchandisation : ce qui est fabriqué obtient une valeur en argent dans le cadre de la vente. Toute chose faite par quelqu’un peut être vendue si elle trouve acheteur. La vente s’effectue sur des marchés anonymes : on vend à des gens qu’on ne connaît pas et dont on ignore les besoins réels. On parie qu’ils auront besoin de ce qu’on vend, mais sans garantie que ça soit forcément vrai. C’est quand les biens arrivent sur ces marchés qu’ils deviennent des marchandises.

    4 L’atomicité : C’est quand chaque entreprise fonctionne en vase clos et poursuit ses intérêts propres, sans se soucier de celui des autres entreprises. Qu’importe alors si les autres entreprises coulent tant que la première perdure. Avec ce système d’atomicité économique, les gens ne décident pas ensemble de ce qu’ils ont besoin et ne le produisent pas ensemble, mais chacun dans leur coin, en espérant que les autres en auront besoin. Hélas, ce n’est pas toujours le cas.

    5 La concurrence : chacun doit faire face à d’autres personnes qui vont vendre les mêmes choses qu’eux. Chacune des personnes qui produit et essaie de vendre exerce une pression sur les prix de vente et donc les revenus qu’on en retire.

    6 La valorisation du capital (ou de la valeur) : C’est obtenir plus d’argent que ce que l’on investi au départ. Il faut une somme d’argent au départ, que l’on investi pour acheter des matières premières, machines et des gens pour réaliser des choses. Ensuite, ces choses sont vendues plus chères que ce qu’elles coûtent pour les fabriquer. C’est cette dernière dimension qui, dans le cadre de tout ce qui précède, distingue le capitalisme des autres modèles économiques.

    La valorisation du capital (ou de la valeur), ça permet d’accumuler de l’argent pour plusieurs choses : réinvestir pour produire plus, ou produire aussi autre chose, financer des services publiques, rembourser les prêts bancaires, ou l’empocher pour soi.

     

    II Le capitalisme et ses effets

    1 La concurrence :

    Comme on l’a déjà dit : « Chacun doit faire face à d’autres personnes qui vont vendre les mêmes choses qu’eux. Chacune des personnes qui produit et essaie de vendre exerce une pression sur les prix de vente et donc les revenus qu’on en retire. ». Ça aboutit au fait que certaines entreprises vont devoir baisser les salaires, d’autres vont faire faillite.

    Si les salaires baissent, les gens vont acheter moins. Ce ne devrait pas être un problème puisque les prix de vente diminuent. Seulement, avec les baisses de salaires, les achats vont se reporter sur certains secteurs de première nécessité qui perdureront et dont les travailleurs seront ainsi plus riches que les autres. Mais si les entreprises des secteurs moins nécessaires font faillite, ça fera aussi des consommateurs en moins pour les entreprises vendant des choses nécessaires. Les salaires des travailleurs des entreprises de première nécessité vont aussi voir leurs revenus et leurs capacités d’achat diminuer. Lorsque cette situation s’aggrave, on est dans une crise de surproduction. On peut produire suffisamment pour la société, mais les gens n’ont pas suffisamment d’argent pour d’acheter ces choses. La surproduction, ce n’est donc pas par rapport aux capacités de consommation des gens, mais par rapport à leur capacité d’achat.

    2 L’utilisation des machines dans le travail :

    L’utilisation des machines permet de produire plus vite plus de choses avec moins de gens. Normalement, ça permettrait de travailler moins, tout en ayant ce dont on a besoin.

    Mais avec le capitalisme, les machines sont utilisées pour faire travailler moins de gens, mais sur des temps plein. On à moins de gens à payer, donc on pourrait leur verser un plus gros salaire, même si on vend chaque chose moins chère. Les petites marges de profit prises sur chaque choses vendues mises bout à bout feraient un gros revenu. Mais le gain de salaire lié aux machines ne marche que dans la théorie. En vérité, les concurrents vont faire la même chose. On vendra donc encore moins cher et on se fera une moins grande marge de profit. Les salaires vont diminuer.

    En plus, comme il y a besoin de moins de gens pour travailler quand on utilise des machines, ça fait beaucoup de gens sans travail. Des gens sans travail sont des gens sans argent, donc des acheteurs en moins. Des acheteurs en moins, c’est moins de vente, donc des revenus plus bas pour les travailleurs, etc. On en revient au problème de crise de surproduction capitaliste, avec comme différence ici que les machines suppriment de plus en plus et énormément de travail humain, donc d’acheteurs, donc de possibilité de vente et de profits, donc d’achat et de consommation.

    Les monopoles, préservés de la concurrence, peuvent aussi être touchés par ce problème car il y a moins de personnes à qui vendre, avec les conséquences qu’on vient d’évoquer.

    Quand on arrive plus à vendre la production, et ce dans plein de secteurs à la fois et à grande échelle, on est dans une crise économique majeure.

    Comme on le voit, le but du capitalisme (faire plus d’argent avec l’argent qu’on investit au départ) ; est l’inverse des effets provoqués par son modèle (la concurrence et l’utilisation des machines aboutissent à faire moins d’argent que l’argent investi au départ et conduisent la société à la crise économique).

     

    III Alors pourquoi le capitalisme existe-t-il encore ?

    1 Une grande contradiction

    Pour le capitalisme, il faudrait faire travailler plus de gens pour produire, vendre et permettre aux gens d’acheter, et rapporter plus d’argent. Pour les capitalistes, pris chacun de leur côté, il faudrait faire travailler moins de gens et utiliser des machines à la place, parfois payer les gens aussi chers ou moins chers, avec l’illusion qu’on va alors trouver des gens qui ont de l’argent pour acheter les choses qu’on fabrique et qu’on vend. Parce que les entreprises sont laissées à leur démerde individuelle, c’est cette tendance qui domine et qui mène le capitalisme vers sa chute.

    C’est en gros ça qu’il se passe au fin-fond de toutes les crises économiques. Le capitalisme n’arrive pas à fonctionner tout seul et il a besoin d’être mis sous perfusion. Des intellectuels payés par les capitalistes ont trouvé certaines perfusions : la perfusion « extension des marchés », la perfusion « obsolescence programmée », la perfusion « crédit et dette ».

    2 Les perfusions « extension des marchés » et « obsolescence programmée »

    Si on n’arrive pas à vendre ce qu’on fabrique assez cher pour donner un salaire suffisant, ou qu’on n’arrive pas à vendre tout ce qu’on produit, il faut produire et vendre plus. Mais si tout le monde à ces choses sur place, il faut les vendre ailleurs, dans d’autres régions, pays, sur d’autres continents. Mais si ces choses sont déjà fabriquées et vendues sur place, il y aura concurrence, baisse des prix, faillites. On n’aura pas gagné grand-chose, ou alors, au détriment des autres qui seront au chômage et dans la misère.

    On peut aussi vendre de nouvelles choses, qui seront achetées, mais il faut que les gens en aient envie et aient de l’argent pour les acheter. Sinon, c’est encore la faillite.

    Enfin, il peut ne plus rien y avoir à vendre parce que les gens l’ont déjà. Il n’y a alors plus ni travail ni revenu, mais le chômage. Pour éviter ça, on peut forcer les gens à racheter souvent les mêmes choses. Il suffit de faire en sorte que ces choses soient hors d’usage rapidement, qu’elles soient démodées, ou de proposer des primes à la casse ou de rachat en échange de l’achat d’un nouveau modèle, etc.

    3 Les perfusions « crédit et dette »

    Le crédit, c’est donner une somme d’argent à une entreprise qui n’a pas tout l’argent qu’il lui faut investir pour lancer sa production, en pariant sur le fait que cette entreprise va rapporter plus d’argent que la somme de départ, ce qui permettrait de rembourser le crédit et ses intérêts, de payer les salariés, etc. Mais, comme on l’a vu, le capitalisme amène en vérité à rapporter de moins en moins d’argent. Si on ne paie pas ceux qui attribuent les crédits (créanciers), ils n’en redonneront pas de nouveaux et on ne pourra refaire la même chose ensuite (il faudra produire moins, vendre moins, gagner moins, et au final, faire faillite). Si on ne paie pas assez les salariés, pour rembourser les créanciers, alors, on ne gagnera pas suffisamment d’argent, et ça donnera la même chose. On peut éventuellement accumuler crédit sur crédit, mais à un moment, le créancier n’est pas dupe  et demande des remboursements immédiats, au moins d’une partie du prêt (on passera sur la mise en bourse, la spéculation et les variations de valeur-argent des entreprises en fonction de l’offre et de la demande des actions). Et là, si ça se passe pour beaucoup d’entreprises, on dit que les bulles éclatent. C’est la crise financière comme en 2008 (ou 2015 en Chine).

    Pour éviter des répercussions majeurs, les Etats ont pris des crédits pour aider les banques et donc, derrière elles, les entreprises. Mais ils font payer la facture aux travailleurs. C’est les politiques d’austérité. De fait, les gens auront moins d’argent pour acheter ce qui est produit. Le problème de surproduction perdurera et donnera lieu à de nouvelles crises.

    Cependant, même avec des politiques de relance, d’aide financière à l’investissement dans la production ou d’aide à la consommation, le capitalisme est fait d’une telle manière que le problème de surproduction capitaliste reviendra, avec à la clé des crises économiques.

    5 La perfusion « impérialisme et délocalisation »

    Produire dans les payés pauvres et soumis aux grandes puissance économiques permet de produire en ne payant pas cher les travailleurs, et de vendre aux populations des pays riches des biens pas chères, ce qui leur permet aussi d’acheter aussi des biens haute gamme produits dans ces mêmes pays riches. Mais à un moment, comme on a besoin de moins en moins de travailleurs grâce aux machines, il y a de plus en plus de personnes sans emploi. On peut vendre moins de biens produits dans les pays pauvres et on ne peut pas non plus vendre autant les biens haute gamme produits dans les pays riches. Il y aura donc augmentation du chômage et de la pauvreté dans les pays pauvres et les pays riches.

    Les pays émergeants, censés rattraper leur « retard » et devenir un jour des pays riches, peuvent subit le même problème : la population qui commence à s’enrichir et augmenter son niveau de vie risque de subir les mêmes effets de chômage de masse.

    Si la situation se généralise à trop de gens dans trop de pays, il y aura une crise majeure bien plus forte qu’en 2008.

    6 La perfusion « bonne vieille guerre pour sauver l’économie » est-elle encore valide ?

    La guerre permet de détruire et donc de relancer des cycles de croissance. Elle génère, pour sa préparation et pour la reconstruction, de l’activité économique. Cependant, ce gain d’activité économique ne dure qu’un temps, avant que reviennent les problèmes logiques du capitalisme. En plus, comme les machines sont aujourd’hui plus performantes, ça génèrerait beaucoup moins d’emploi.

    Ensuite, vu la capacité de destruction des armes modernes, notamment les bombes atomiques, on ne se lancerait pas dans une guerre entre grandes puissances à moins d’être des fous suicidaires qui n’ont plus rien a espérer du monde, ni pour elles, ni pour les autres, ou pour leur descendance. Bon, il y a des dictateurs, des peuples désespérés et des idiots parmi les capitalistes et leurs valets politiciens qui pourraient être pris d’une telle folie. Ce serait à nous de convaincre les gens que la guerre n’apporterait que la fin du monde et qu’elle ne donnerait pas grand-chose pour la relance de l’économie.

     

    IV la crise finale

    1 Les limites de la capacité d’adaptation du capitalisme

    Le capitalisme à trouvé plusieurs solutions pour surmonter ses crises à travers son histoire. Mais ça ne veut pas dire que ces solutions vont encore marcher (certaines ramènent d’ailleurs seulement le problème ailleurs) ou qu’on en trouvera forcément d’autres, qu’on trouvera les bonnes. La solution, c’est souvent au final la bonne personne avec les bons outils, qui à une idée par le plus grand des hasards, et qui est écoutée. Il se peut très bien qu’une de ces conditions fasse défaut, et on ne trouverait pas la solution. Actuellement, aucune des solutions connues ne marche réellement. Donc, tant qu’on ne nous pond pas véritablement une recette miracle, le capitalisme est voué à entrer en crise et à s’effondrer.

    2 Le remplacement du travail humain par les machines et la crise finale

    La concurrence entre les entreprises, la nécessité de payer moins de travailleurs et de les payer moins pour proposer des produits a bas coût pousse les entreprises à remplacer les hommes par des machines. Le capitalisme va vers la suppression du travail humain. Mais il se tire alors une balle dans le pied, parce qu’il n’y aura au final plus personne pour acheter ce qui est produit. On pourrait très bien alors rendre la production gratuite, la donner. Il n’y aurait plus d’intérêt à être propriétaire de machines, d’entreprises, car ça ne rapporterait rien.

    S’ils voulaient sauver leur système, les capitalistes devraient se mettre d’accord pour employer plus de gens et les payer assez pour qu’ils puissent acheter ce qui est produit. Mais comme ils sont en concurrence et essaient de vendre moins cher que les concurrents, ils ne peuvent pas le faire. Ils sont obligés de supprimer du travail, ou de rétablir l’esclavage, qui est encore moins cher que des machines perfectionnées, mais qui ne rapporte rien s’il se généralise. A la longue, c’est le capitalisme qui s’effondre.

    3 L’autre possibilité de crise finale

    Pour continuer, le capitalisme doit produire plus et donc consommer plus de ressources. Ça implique aussi de polluer plus. Mais en faisant ça, le capitalisme peut aussi s’arrêter à terme, parce qu’il consomme trop de ressources et dégrade trop l’atmosphère, la terre, les sols, détruit des espèces qui participent à l’équilibre général, dont les humains font d’ailleurs partie.

     

    V Le combat à mener

    1 Est-ce que la fin du capitalisme est la fin de la classe possédante ?

    Non, évidemment. La classe possédante existe depuis bien avant le capitalisme. Avant, il y avait des pharaons, des empereurs, des rois. Il y avait des aristocraties, des seigneurs, et il y avait les « citoyens » en Grèce. Tous avaient leurs esclaves ou des personnes dans une situation proche de l’esclavage. La différence, c’est le salariat dans le cadre de la recherche de la croissance. Il y a eu une hausse du niveau de vie durant la période du capitalisme car c’est dans l’intérêt des propriétaires que les gens s’enrichissent et achètent, pour que la vente en masse rapporte plus d’argent. Mais le capitalisme n’est pas nécessaire à la hausse du niveau de vie. Il tend même, à termes, à le faire diminuer, comme nous l’avons vu avant.

    Pour en revenir à nos possédants, au lieu de disparaître avec le capitalisme, ils pourraient juste changer de but : ça ne serait plus celui de fabriquer et vendre toujours plus pour gagner plus d’argent, mais de dominer pour son confort personnel, ses fantasme de grandeur et ses grands projets de monuments, etc. C’est pour ça qu’il ne faut pas attendre que le capitalisme s’effondre tout seul et qu’il faut chasser les possédants.

    2 Deux choses à faire

    Certains (anticapitalistes) insistent beaucoup sur le côté « les bourgeois arnaquent les prolétaires ». Ils nous disent que le système va mal parce que les possédants prennent trop de richesses et en laissent trop peu aux salariés, et proposent juste de prendre des sous aux patrons pour que ça aille mieux. En gros, les possédants seraient « méchants » parce qu’ils ne partagent pas la richesse et du coup, provoquent des crises. Ce n’est pas vrai, et on risque de tomber de haut si on pense comme ça. C’est parce que le système ne fonctionne pas, comme on l’a vu avant, que les possédants prennent plus de richesses. Avec elles, ils se positionnent dans un classement de la hiérarchie mondiale, pour rester dans les hautes sphères après la fin du système et à l’arrivée de celui qui suivra.

    On ne chasse donc pas les possédants parce qu’ils sont « méchants », « voyous », « cupides » ou autre. Certains sont « gentils », veulent ou essaient de respecter les humains et la nature. Mais ils ne le peuvent pas vraiment s’ils restent des possédants. S’ils le font, ils font faillite. La seule chose qu’ils peuvent faire est de démissionner, d’abandonner leur propriété de moyens de production. Mais il n’y en a pas beaucoup qui feront ce sacrifice, et si certains le font, d’autres, « méchants » ou « gentils » prendront leur place. Au final, ceux qui resteront et s’accrocheront à la propriété essaieront de la défendre à tout prix, même si le système capitaliste part en miettes.

    Ça ne sert donc à rien de faire de la morale. Il faut virer les possédants parce qu’ils empêchent de changer de système, et en maintiennent un, basé sur la production chacun dans son coin, la concurrence, la logique de l’investissement (somme investie – production et vente – plus d’argent et en vérité moins), qui court à sa perte. C’est ça que doivent faire les anticapitaliste.

     

    VI Mais qu’est ce qu’on crée à la place du capitalisme ?

    La structure de base du capitalisme c’est : propriété individuelle/privée a vocation commerciale, atomicité, concurrence, marchandise, valeur, argent, croissance (accumuler, investir, produire, vendre, gagner plus, investir, produire plus, etc.).

    On commence par s’en débarrasser.

    D’abord, on supprime la propriété privée des moyens de production. Elle devient commune et non lucrative, et elle a vocation à satisfaire les besoins humains : un peu comme un grand service publique qui englobe toutes les métiers. Donc on décide de ce qu’il faut produire comme biens et services, on répartit les tâches à faire  et on les fait. Voilà, les biens et services sont produits. De l’autre côté, on donne à chacun ce dont il a besoin parce qu’il à travaillé (on s’arrange pour faire travailler tout le monde, enfin ce qui sont en capacité de travailler, et on soutien les autres en leur donnant gratuitement). Avec ça, pas de crises liées au mode de production capitaliste. Bon, il peut y avoir d’autres crises, des pénuries faute d’une mauvaise évaluation des besoins, d’intempéries, de raréfaction des ressources. Mais celles là, elles existent aussi dans le capitalisme. Pour certaines, il y a parfois une bonne gestion pour les éviter (par exemple, procéder à des recensements pour savoir ce que veulent les gens, plutôt que de le supposer et de se tromper, de produire soit beaucoup trop, soit pas assez), et il est possible d’en faire de même sans capitalisme, pour les autres, des solutions sont à trouver qui dépendent de facteurs sociaux ou biologiques (par exemple les questions liées à la consommation de ressources naturelles), mais pas économique. Les solutions sociales et scientifiques existent, mais on en parlera pas ici, car on parle d’économie et pas d’écologie.

    A partir de là, il y a plusieurs questions qui se posent :

    1 Par qui c’est géré : un Etat, une bureaucratie centrale, ou bien, par la population, via des assemblées de producteurs et de consommateurs, qui se fédèrent entre elles sur des échelles plus grandes et donnent des mandats strictes à leurs délégués ?

    Pour nous, c’est clair que c’est la seconde option qu’il faut choisir. On l’a vu avec l’échec de l’URSS, l’Etat et la bureaucratie centrale, en plus d’être quelque chose de dangereux pour la liberté, ça gère très mal la production et ça ne comprend pas les besoins des gens. A l’inverse, il y a plein d’expériences autogestionnaires en Espagne, en Yougoslavie, au Chili, en Argentine, en France durant Mai 68 et avec les LIP, en Grèce avec l’usine Vio.Me., juste pour les plus connues. Bon, c’était dans le cadre du capitalisme pour la plupart, mais ça peut fonctionner aussi sans lui, et même mieux d’ailleurs.

    2 Comment sont répartis les biens et services produits : selon une logique de mérite, à l’effort, à la compétence, à la posture hiérarchique, ou, au contraire, en fonction des besoins des gens, en recherchant l’égalité à tous les niveaux ?

    A l’effort, d’abord, ça ne peut pas fonctionner. Pourquoi ? Parce que, d’une part, les besoins des travailleurs restent les mêmes qu’ils produisent 10 ou 20 pièces à l’heure. D’autre part, parce que celui qui travaille plus vite ne produira que ses pièces et pas des choses dont il a besoin, et aussi parce que personne n’aura besoin de ses pièces supplémentaires, donc ça sera du gaspillage et du temps perdu. Au mieux, il pourra se prendre une bonne pause ou rentrer plus tôt chez lui. « Travailler plus pour glander plus », ce n’est pas très égalitaire ou solidaire, mais c’est structurellement tenable, alors que travailler plus pour avoir plus, ça marche que si on est dans une société où il n’y a pas de division du travail.

    En plus, la productivité, comme ça a été démontré par les sciences sociales et les études sur le management, ça dépend plus des machines et de l’organisation du travail que de la faculté de l’individu. Dans toutes les équipes, il y en a qui vont plus vite ou qui font mieux que les autres, d’autres qui sont plus lents, ou moins soigneux. Ils sont minoritaires et l’ensemble des travailleurs est plutôt moyen sur tous les plans. Quand il y en a un qui va vite dans une équipe, ça a tendance à bouchonner après. La productivité dépend de la coordination des équipes et de la répartition des postes, plus que du travail d’une personne seule. C’est donc cette moyenne et cette synergie qu’il faut rechercher, plus que le travail intensif récompensé.

    Venons-en aux privilèges en fonction du mérite, de la qualification et du commandement. C’est peut-être structurellement tenable, mais ce n’est pas nécessaire et c’est moralement contestable.

    Les privilèges au mérite et à la qualification, ça dépend toujours de gens qui bossent et qui ont bossé avant, par le passé, qui font toutes les tâches nécessaires, dont certaines tâches ingrates, pour qu’une personne soit déchargée de boulot, et puisse disposer de tous les moyens (les savoirs, les pédagogues, les livres, les locaux, l’alimentation, etc.) qui permettent de réussir. Le projet d’une société sans capitalisme peut dépasser ça, en permettant à chacun de se former pour faire alternativement des tâches qualifiées et des tâches de base, sans hiérarchie entre elles.

    Le commandement, c’est quelque chose qui n’est pas nécessaire avec l’autogestion. Donc accorder des privilèges sur ce critère, ça sert qu’aux patrons ou aux bureaucraties d’Etat, pour s’assurer l’allégeance de quelques subalternes.

     

    Voilà, on en a fini…

    Cette autre société qu’on crée à la place du capitalisme, c’est le communisme (le vrai ! Le communisme libertaire !). Ça donne envie, n’est-ce pas !

    « COP 21 – En avant pour le climat ! « Le travail à l'ère du capital fictif », par Norbert Trenkle »

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